Avantages du liquid staking par rapport au staking traditionnel

Imaginez pouvoir gagner des récompenses en stakant vos ETH tout en gardant la possibilité de les utiliser comme n’importe quelle autre crypto. Pas de blocage. Pas d’attente. Pas de renoncement à vos opportunités dans le DeFi. C’est exactement ce que permet le liquid staking.

Le staking traditionnel, sur Ethereum par exemple, exige que vous bloquiez 32 ETH pour devenir validateur. À ce jour, cela représente plus de 100 000 $, ce qui exclut la grande majorité des particuliers. Même si vous utilisez un pool de staking pour vous regrouper avec d’autres, vos fonds restent verrouillés pendant 21 jours minimum avant de pouvoir être retirés - une période qui a été réduite après la mise à jour Shanghai en avril 2023, mais qui reste trop longue pour profiter pleinement du marché.

Le liquid staking, lui, change la donne. Vous déposez vos ETH dans un contrat intelligent - par exemple via Lido, Rocket Pool ou Marinade Finance - et en échange, vous recevez un token liquide : stETH, rETH ou mETH. Ces tokens représentent vos ETH stakés, plus les récompenses accumulées. Et contrairement à vos ETH stakées classiques, ces tokens peuvent être transférés, échangés, prêtés ou utilisés comme garantie dans des protocoles DeFi - tout en continuant à générer des récompenses de staking.

Un rendement en double couche

Le plus grand avantage du liquid staking, c’est la combinaison des rendements. En stakant traditionnellement sur Ethereum, vous gagnez environ 3 à 5 % de rendement annuel (APY). Avec le liquid staking, vous gardez ce même rendement, mais vous pouvez aussi placer vos stETH sur Aave, Compound ou Curve pour obtenir un rendement supplémentaire de 5 à 15 %.

Ce n’est pas une hypothèse. En août 2023, un utilisateur sur Reddit a rapporté avoir obtenu 8,2 % d’APY combiné : 4,1 % de staking et 4,1 % de prêt sur Aave. Cela revient à doubler son rendement sans ajouter de capital. Pour les détenteurs de petits montants, c’est une révolution. Un utilisateur avec 1 ETH peut désormais générer un revenu passif comparable à celui d’un validateur avec 32 ETH.

Liquidité immédiate, pas d’attente

Le staking traditionnel vous force à choisir entre sécurité et flexibilité. Si vous avez besoin de vendre vos ETH rapidement - par exemple pour couvrir une dépense imprévue ou saisir une opportunité sur un DEX - vous devez attendre des jours. Pendant ce temps, le prix peut bouger, et vous perdez du potentiel.

Avec un token liquide comme stETH, vous pouvez vendre, échanger ou transférer vos actifs en quelques clics. Le marché des paires stETH/ETH sur Uniswap a atteint 280 millions de dollars de TVL en août 2023, ce qui montre une forte demande pour cette liquidité. Même en période de marché baissier, les utilisateurs peuvent réagir rapidement. Ce n’est pas un luxe : c’est une nécessité dans un écosystème où les prix peuvent changer de 20 % en quelques heures.

Accès pour tous, même sans 32 ETH

Le staking traditionnel sur Ethereum a toujours été réservé aux grands détenteurs. 32 ETH, c’est une barrière d’entrée élevée. Même les pools de staking centralisés exigent souvent des montants minimums élevés ou des frais cachés.

Le liquid staking, lui, permet de staker avec 0,01 ETH ou même moins. Sur Solana, avec Marinade Finance, il n’y a pas de minimum. Sur Lido, vous pouvez staker 0,01 ETH et recevoir immédiatement des stETH proportionnels. Cela ouvre le staking à des millions de personnes qui n’avaient jamais pu y accéder avant. C’est aussi une raison pour laquelle les DAO comme Aave ont commencé à allouer des milliers d’ETH en liquid staking : ils veulent générer des rendements sur leurs trésoreries sans bloquer des actifs inutilisables.

Composabilité : le vrai pouvoir du DeFi

Le DeFi fonctionne comme un Lego : chaque protocole peut s’emboîter avec un autre. Le liquid staking est l’un des pièces les plus importantes de ce puzzle.

Vous pouvez prendre vos stETH, les déposer sur Aave pour gagner des intérêts, les utiliser comme garantie pour emprunter des DAI sur MakerDAO, les échanger contre des BTC sur Curve, ou les fournir en liquidité sur un AMM pour gagner des frais de transaction - tout en continuant à accumuler des récompenses de staking. Ce n’est pas possible avec du ETH staké traditionnel. Ce n’est pas une fonctionnalité optionnelle : c’est la raison d’être du liquid staking.

En septembre 2023, plus de 1,2 milliard de dollars de DAI avaient été émis contre des stETH comme garantie. Cela signifie que des milliers d’utilisateurs ont pu accéder à des prêts sans avoir à vendre leurs actifs. C’est l’essence même de la finance décentralisée : une efficacité du capital sans équivalent dans le système traditionnel.

Les risques réels - et comment les gérer

Le liquid staking n’est pas sans risque. Le plus connu : le dépegging. Si les utilisateurs perdent confiance dans un protocole, le prix de stETH peut chuter par rapport à ETH. Pendant la chute de FTX en novembre 2022, stETH a perdu jusqu’à 6,2 % de sa valeur par rapport à ETH. Pendant la crise bancaire de mars 2023, il a perdu 5,8 %. Ces épisodes ne signifient pas que vous perdez vos ETH - seulement que le marché temporairement doute de la liquidité ou de la sécurité du token.

Un autre risque : la concentration. Lido contrôle environ 75 % du marché du liquid staking sur Ethereum. Si un seul protocole subit une faille de sécurité ou une attaque, cela pourrait affecter des milliards de dollars. C’est pourquoi l’Ethereum Foundation prévient que si un seul fournisseur dépasse 33 % du réseau, cela menace la sécurité du protocole lui-même.

Enfin, il y a les risques de contrat intelligent. Un bug, une vulnérabilité, un hack - tout cela peut entraîner une perte. Lido et Rocket Pool ont été auditées par plusieurs firmes de sécurité, mais les nouveaux protocoles ne le sont pas toujours. Il faut vérifier les audits, les réputations et les communautés avant de déposer des fonds.

Qui utilise le liquid staking - et pourquoi

Les données le montrent clairement : les utilisateurs de liquid staking sont plus actifs dans le DeFi. Selon CryptoCompare, 68,4 % des utilisateurs de liquid staking participent régulièrement à des protocoles DeFi, contre seulement 22,1 % des stakers traditionnels. Ils gagnent en moyenne 7,9 % d’APY, contre 5,7 % pour les autres - soit 37,8 % de plus.

Les DAO, les fonds institutionnels et les traders actifs ont adopté le liquid staking en masse. Les institutions traditionnelles, elles, hésitent encore. Seulement 32 % des banques et fonds classiques l’utilisent, contre 54 % qui préfèrent le staking traditionnel. Pourquoi ? Parce que la régulation est floue. La SEC n’a pas encore tranché sur la nature juridique des LSTs, et les implications fiscales sont complexes.

Implications fiscales : un piège méconnu

Beaucoup d’utilisateurs ne réalisent pas que chaque fois qu’ils échangent des stETH contre des DAI, ou qu’ils reçoivent des récompenses de prêt sur Aave, cela peut constituer un événement taxable. En Suisse, où les récompenses de staking sont généralement considérées comme un revenu, le liquid staking multiplie les points de taxation : récompenses de staking, intérêts de prêt, gains en capital sur les échanges de LSTs.

Koinly, un outil de reporting fiscal pour les crypto, a noté que 42 % des retours négatifs sur les plateformes de liquid staking concernent la complexité fiscale. Il n’y a pas de solution simple : il faut tenir un registre précis de chaque transaction, et souvent, utiliser des logiciels spécialisés. C’est un coût caché, mais essentiel à prendre en compte.

L’avenir : vers une standardisation et une décentralisation

Les protocoles évoluent rapidement. Lido travaille sur la technologie de validateur distribué, qui permettra à plusieurs acteurs de gérer un seul validateur - réduisant la centralisation. Rocket Pool prévoit des frais variables dès le premier trimestre 2025. Stader Labs étend son modèle à d’autres chaînes comme Polygon et Avalanche.

Le dernier grand bond en avant est venu avec la mise à jour Dencun d’Ethereum en mars 2024. Elle a réduit les coûts de transaction pour les opérations de liquid staking de 10 à 15 %, rendant le processus plus accessible et plus efficace.

À long terme, Gartner prédit que d’ici 2026, 55 à 65 % de tout le staking sur les réseaux PoS sera liquid. Ce n’est pas une mode : c’est une évolution logique. La finance décentralisée exige de la fluidité. Le staking traditionnel, lui, est une relique d’un temps où les actifs devaient être bloqués pour être sécurisés.

Conclusion : un outil puissant, mais pas sans vigilance

Le liquid staking n’est pas la solution parfaite. Il comporte des risques de dépegging, de concentration et de complexité fiscale. Mais il offre un avantage fondamental : la liberté. La liberté de gagner des récompenses sans bloquer vos actifs. La liberté de les utiliser dans le DeFi. La liberté de réagir aux marchés en temps réel.

Si vous avez plus de 0,01 ETH, vous pouvez commencer. Si vous êtes actif dans le DeFi, vous ne pouvez pas vous permettre de l’ignorer. Le staking traditionnel a sa place - pour les utilisateurs qui veulent la simplicité maximale et qui n’ont pas besoin de liquidité. Mais pour la majorité des détenteurs de crypto aujourd’hui, le liquid staking est la voie la plus intelligente, la plus rentable, et la plus alignée avec l’esprit du DeFi.