Comment les Algériens accèdent aux plateformes d'échange de cryptomonnaies malgré l'interdiction

Calculateur de pénalités pour l'utilisation de cryptomonnaies en Algérie
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Depuis l’entrée en vigueur de la Loi n°25-10 qui interdit toute activité liée aux actifs numériques en Algérie en juillet 2025, accéder à un échange de cryptomonnaies depuis le territoire algérien est officiellement un acte criminel. Pourtant, la demande n’a pas disparu du jour au lendemain. Dans cet article, on décortique le cadre juridique actuel, les risques encourus, les méthodes que certains utilisent pour contourner le blocage, et les conséquences pour la communauté locale.
Cadre juridique actuel : la loi 25-10
La Loi n°25-10 définit les cryptomonnaies comme des « instruments virtuels utilisés comme moyen d'échange via un système informatique, sans soutien d'une banque centrale ». Elle prohibe explicitement l'achat, la vente, l'utilisation, le stockage, le minage et toute forme de promotion de ces actifs. Le texte s’applique à toute personne physique ou morale, y compris les plateformes étrangères qui seraient accessibles depuis le territoire algérien.
Les articles clés sont les suivants :
- Article 2 : interdiction de toute transaction en cryptomonnaies.
- Article 5 : criminalisation de la création ou de l’exploitation d’une plateforme d’échange.
- Article 7 : interdiction de toute publicité ou diffusion d’informations visant à faciliter l’usage de cryptomonnaies.
Cette législation place l'Algérie parmi les neuf pays qui affichent une interdiction totale, aux côtés de la Chine et du Bangladesh.
Sanctions et risques encourus
Les peines prévues sont sévères et doublées en cas de récidive :
Pénalité | Durée / Montant |
---|---|
Emprisonnement | 2 mois à 1 an |
Amende | 200 000 à 1 000 000 DZD (≈1 540 $ à 7 700 $) |
Amende maximale | 2 000 000 DZD (≈14 700 $) pour infractions graves |
Doublement | En cas de récidive ou d’implication d’une organisation criminelle |
Les autorités algériennes ont renforcé leurs capacités de surveillance numérique, s’appuyant notamment sur les recommandations du Financial Action Task Force (FATF) organisme international de lutte contre le blanchiment. Cela signifie que même les communications cryptées ou les VPN peuvent être détectés via des analyses de trafic et de métadonnées.
Méthodes clandestines utilisées par les Algériens
Malgré le risque élevé, plusieurs solutions de contournement sont encore pratiquées :
- Utilisation de VPN : les utilisateurs masquent leur adresse IP pour accéder à des plateformes étrangères comme Binance ou Kraken. Cependant, les fournisseurs d’accès algériens peuvent encore tracer des connexions VPN suspectes grâce à la deep‑packet inspection.
- Échanges peer‑to‑peer (P2P transactions directes entre particuliers via des messageries chiffrées) : les groupes Discord ou Telegram partagent des annonces de vente/achat de Bitcoin première cryptomonnaie, souvent utilisée comme monnaie de référence ou d’autres tokens.
- Plateformes décentralisées (DEX échanges qui fonctionnent sans intermédiaire central) : Uniswap ou PancakeSwap permettent d’échanger via des smart contracts, mais requièrent un portefeuille non‑custodial (ex. Metamask) et sont toujours traçables si le réseau est surveillé.
- Cartes prépayées anonymes : certains opérateurs hors de l’Algérie proposent des cartes rechargeables utilisables pour acheter des cryptos sur des sites qui acceptent les paiements par carte.
Chaque méthode implique un risque de détection : les autorités peuvent intercepter des conversations chiffrées, identifier les adresses de portefeuille liées à des transactions récurrentes ou demander la coopération d’échanges étrangers grâce à des accords d’entraide judiciaire.

Surveillance et technologies d’enquête
Le gouvernement a mis en place un dispositif de surveillance numérique analyse en temps réel du trafic internet et des métadonnées. Les points clés du système comprennent :
- Inspection profonde des paquets (DPI) sur les fibre optiques nationales.
- Collaboration avec des fournisseurs de services cloud pour identifier les flux vers les IP de crypto‑exchanges.
- Utilisation de l’intelligence artificielle pour détecter les schémas de transaction anormaux.
- Partage d’informations avec Interpol et d’autres agences de lutte contre le blanchiment.
Ces capacités signifient que même les utilisateurs les plus prudents peuvent être découverts, notamment si plusieurs couches de protection sont mal configurées.
Impact sur la communauté blockchain en Algérie
Avant le décret, l’Algérie était classée parmi les cinq marchés de cryptomonnaies les plus dynamiques de la région MENA, selon le rapport Chainalysis entreprise d’analyse de données blockchain. Des hackathons, des cours universitaires et même des startups fintech prospéraient.
Depuis juillet 2025, on observe un "exode de talents" : développeurs blockchain, analystes DeFi et entrepreneurs ferment leurs projets ou cherchent l’émigration. Le manque de possibilités légales freine toute formation officielle, et les institutions éducatives évitent d’aborder le sujet de peur d’enfreindre la loi.
Cette situation crée un double défi : perte de compétences pour l’économie locale et renforcement du marché noir, qui devient alors le seul point d’entrée pour les Algériens souhaitant s’exposer aux actifs numériques.

Quelles alternatives légales ? (et pourquoi elles n’existent pas)
Actuellement, aucune plateforme ne peut opérer légalement en Algérie. Les solutions les plus proches sont :
- Utiliser un compte bancaire à l’étranger (ex. Maroc, France) pour acheter des crypto via une exchange locale dans ce pays.
- Participer à des programmes de formation en ligne hébergés en dehors du territoire, en évitant toute mention d’activités transactionnelles.
Ces options restent toutefois risquées sur le plan fiscal et peuvent être perçues comme de l’évasion si les fonds sont rapatriés sans déclaration.
Points clés à retenir
- La Loi n°25-10 interdit toute forme d’activité liée aux cryptomonnaies en Algérie.
- Les sanctions vont de deux mois d’emprisonnement à un million de dinars d’amende, doublées en cas de récidive.
- Les méthodes de contournement (VPN, P2P, DEX) existent mais exposent à de lourdes poursuites.
- Le gouvernement utilise la surveillance numérique avancée et collabore avec des organismes internationaux.
- Le secteur blockchain algérien a subi une fuite massive de talents, augmentant le risque de marché noir.
FAQ
Est‑il possible d’utiliser un VPN pour accéder à Binance depuis l’Algérie sans se faire repérer ?
Techniquement oui, mais les autorités peuvent détecter les flux VPN grâce à la DPI. En cas de suspicion, le compte peut être gelé et une enquête ouverte, avec des peines d’emprisonnement possibles.
Quelles cryptomonnaies sont les plus échangées en Algérie avant la ban ?
Bitcoin, Ethereum et Tether dominaient le marché. Leurs volumes représentaient plus de 80 % des transactions peer‑to‑peer.
Si je suis arrêté pour utilisation d’un DEX, quelles sont les conséquences ?
Le code pénal prévoit jusqu’à un an d’emprisonnement et une amende pouvant atteindre 2 000 000 DZD, surtout si les fonds sont liés à du blanchiment d’argent.
Existe‑t‑il une voie de régularisation pour les investisseurs déjà en possession de cryptomonnaies ?
Aucune procédure officielle n’existe. Toute déclaration risquerait d’entraîner des poursuites, car la loi ne fait aucune distinction entre détenteurs passifs et actifs.
Quelles alternatives d’investissement sont recommandées aux Algériens ?
Se tourner vers les marchés boursiers étrangers, les fonds indiciels ou l’immobilier via des structures à l’étranger reste légal, à condition de respecter les obligations fiscales algériennes.
Laurent Beaudroit
octobre 21, 2025 AT 09:30C’est du grand n'importe quoi, on nous dit d’utiliser un VPN et on se fait pister !