Interdiction bancaire des cryptomonnaies en Arabie Saoudite : tout ce qu’il faut savoir

Interdiction bancaire des cryptomonnaies en Arabie Saoudite : tout ce qu’il faut savoir sept., 1 2025

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Analyse détaillée

Impact sur les investisseurs individuels

Les particuliers peuvent acheter et vendre des cryptomonnaies via des plateformes étrangères, mais ils doivent gérer leurs comptes via des solutions hors-bancaires comme les stablecoins (USDC, USDT) ou les réseaux P2P. Les frais de conversion et les risques de conformité augmentent.

Impact sur les entreprises crypto

Les entreprises doivent créer des entités hors-du-pays, utiliser des cabinets comptables internationaux et respecter des processus KYC stricts. La gestion de la trésorerie et le paiement des taxes deviennent plus complexes et coûteux.

Impact sur les traders professionnels

Sans accès à des services bancaires de clearing, les traders doivent recourir à des pools de liquidité privés, augmentant les frais et les risques de contrepartie. L'accès aux marchés est restreint.

L’Arabie Saoudite aimposé depuis 2018 une interdiction bancaire cryptomonnaie qui sépare complètement les banques traditionnelles du monde des actifs numériques. Cette mesure semble paradoxale quand le pays investit en même temps dans la technologie blockchain et dans un projet de monnaie digitale de banque centrale (CBDC). Vous vous demandez comment cette règle affecte les traders, les entreprises et les investisseurs? Cet article décortique la politique, les chiffres du marché, les impacts concrets et les perspectives à moyen terme.

Résumé éclair

  • Banque centrale (SAMA) a interdit aux banques saoudiennes tout échange de cryptomonnaies depuis 2018, sauf autorisation explicite.
  • Le marché crypto saoudien vaut 23,1md$ en 2024 et devrait atteindre 45,9md$ d’ici 2033 (CAGR7,9%).
  • Les échanges doivent recourir à des solutions hors‑bancaires: réseaux P2P, partenaires étrangers, stablecoins.
  • Le Royaume participe au projet mBridge CBDC tout en maintenant un cadre anti‑blanchiment qui englobe les actifs numériques.
  • Une fatwa favorable à la conformité Sharia du Bitcoin crée un contraste avec la restriction bancaire.

Contexte réglementaire

Interdiction bancaire des cryptomonnaies en Arabie Saoudite est une mesure officielle qui, depuis 2018, empêche les institutions financières locales de faciliter l’achat, la vente ou la garde d’actifs numériques, à moins d’une autorisation expresse de la Saudi Arabian Monetary Authority (SAMA).

Le premier texte, publié en avril2018, était un avis du Standing Committee for Awareness on Dealing in Securities Activities. Il soulignait les risques de volatilité, d’absence de supervision et de possible utilisation à des fins de financement du terrorisme. En 2019, le Ministère des Finances a renforcé le signal en rappelant que les cryptomonnaies n’étaient ni reconnues comme monnaie légale ni régulées.

Depuis, les deux principaux régulateurs - SAMA et la Capital Market Authority (CMA) - continuent d’émettre des alertes périodiques. Aucun texte de loi dédié aux actifs numériques n’a encore été adopté, mais les lois anti‑blanchiment de 2017 (Royal Decree No.M/20) et CFT (Royal Decree No.M/21) sont interprétées comme couvrant les crypto‑actifs grâce à une définition large du terme «fonds».

Impact sur les acteurs du marché

Le blocage bancaire crée un «gap» opérationnel: les exchanges locaux ne peuvent pas ouvrir de comptes courants saoudiens, ni offrir des dépôts en riyal (SAR). Les solutions les plus courantes sont:

  • Utilisation de stablecoins (USDC, USDT) pour convertir les SAR en actifs numériques via des passerelles offshore.
  • Réseaux peer‑to‑peer (P2P) où les utilisateurs se rencontrent sur des plateformes comme LocalBitcoins ou Binance P2P.
  • Partenariats avec des banques européennes ou asiatiques qui acceptent de recevoir des virements en dollars ou euros, puis les convertir.

Pour les entreprises crypto - wallets, plateformes de staking, fournisseurs de liquidité - l’absence de comptes bancaires locaux rend la gestion de la trésorerie, le paiement des taxes et la conformité AML beaucoup plus complexes. Elles doivent souvent créer des entités hors‑du‑pays, employer des cabinets comptables internationaux et mettre en place des processus KYC très stricts pour éviter des sanctions.

Les investisseurs institutionnels ressentent le plus lourd du «coup». Sans accès à des lignes de crédit ou à des services de clearing bancaire, ils doivent recourir à des pools de liquidité privés, ce qui augmente les frais et le risque de contrepartie.

Le marché crypto saoudien en chiffres

Malgré ces obstacles, le secteur explose. Selon les données de Chainalysis, la valeur totale des transactions crypto a grimpé de 153% entre juillet2023 et juin2024, atteignant 31md$ de volume quotidien. Le nombre d’utilisateurs actifs était estimé à 4millions en 2024 (11,4% de la population), et les prévisions indiquent 7,4millions d’utilisateurs en 2025.

Le marché global des actifs numériques en Arabie Saoudite était évalué à 23,1md$ en 2024, avec une projection de 45,9md$ d’ici 2033 - soit une croissance annuelle moyenne de 7,9%. Les revenus générés par les services liés aux cryptomonnaies (trading fees, services de custodie, consulting) devraient dépasser 498M$ en 2025.

Ces chiffres montrent que l’interdiction bancaire n’a pas freiné la demande; elle a simplement poussé les acteurs à innover autour de structures hors‑bancaires.

Paradoxe: blockchain et CBDC

Paradoxe: blockchain et CBDC

Le gouvernement saoudien ne rejette pas la technologie sous‑jacente. En 2024, il a rejoint le projet mBridge, un pilote CBDC qui réunit les banques centrales de l’Émirats arabes unis, de la Chine, de la Thaïlande et de Hong Kong. SAMA explore ainsi la «digital cash» pour faciliter les paiements transfrontaliers tout en conservant le contrôle monétaire.

La coexistence de ce projet avec l’interdiction bancaire reflète une stratégie sélective: le Royaume veut maîtriser les avantages de la blockchain (transparence, rapidité) sans ouvrir la porte à des flux de capitaux incontrôlés via des crypto‑actifs privés.

Enjeux fiscaux et religieux

Sur le plan fiscal, les crypto‑actifs sont considérés comme des biens. Les particuliers ne paient pas d’impôt sur les plus‑values, mais les entreprises sont soumises à 15% d’impôt sur les gains en capital, 20% d’impôt sur les sociétés et 2,5% de zakat. Cette combinaison rend la gestion comptable difficile quand aucune banque locale ne peut recevoir les paiements de taxes.

En 2023, un haut dignitaire religieux a publié une fatwa déclarant que le Bitcoin et les autres crypto‑actifs sont compatibles avec la charia, à condition que leur usage ne facilite pas le haram (jeu, spéculation excessive). Cette position religieuse adoucit l’opinion publique, mais ne change pas la position réglementaire de SAMA, qui reste focalisée sur la stabilité financière.

Comparaison régionale

Politiques crypto dans le Golfe (2024‑2025)
Pays Interdiction bancaire Cadre réglementaire dédié CBDC ou pilotage blockchain Adoption par les institutions
Arabie Saoudite Oui (sauf autorisation SAMA) Pas de loi spécifique, AML/CFT couvre les crypto‑actifs Participe à mBridge (CBDC) Investisseurs institutionnels via solutions off‑shore
Émirats Arabes Unis Non - licences fintech autorisent les services crypto Réglementation complète (ADGM, DIFC) Développement de l'Emirates Digital Currency (EDC) Banques locales offrent des comptes crypto
Bahreïn Non - cadre ouvert aux exchanges Loi sur les actifs numériques (2022) Explorations de CBDC avec la BCC Présence d´exchanges régionaux

Perspectives et scénarios d’évolution

Plusieurs forces poussent l’Arabie Saoudite vers une évolution éventuelle:

  1. Démographie: 63% de la population a moins de 30ans, un segment très réceptif aux actifs numériques.
  2. Pression concurrentielle: les voisins du Golfe offrent des environnements plus favorables, attirant les startups crypto.
  3. Objectifs Vision2030: la diversification économique requiert l’adoption de technologies innovantes, dont les tokens d’infrastructure.
  4. Fatwa et acceptation religieuse: un soutien institutionnel pourrait influencer les décideurs à réviser la politique bancaire.

Deux scénarios dominants sont envisagés :

  • Consolidation stricte: SAMA maintient l’interdiction, ne délivrant que quelques licences très limitées pour des projets pilotes contrôlés.
  • Assouplissement progressif: à partir de 2027, une loi cadre sur les crypto‑actifs pourrait autoriser les banques à offrir des services de garde et de paiement, sous conditions de conformité AML/CFT renforcées.

Dans les deux cas, les acteurs du marché devront rester agiles: développer des ponts de liquidité, renforcer les processus KYC et surveiller les évolutions légales.

Conclusion pratique

Si vous êtes un trader saoudien, gardez à l’esprit que vos fonds doivent transiter par des canaux hors‑bancaires; choisissez des stablecoins robustes et des plateformes P2P bien notées. Si vous représentez une startup crypto, envisagez de créer une structure offshore, de bâtir des partenariats avec des banques tierces et de vous préparer à des audits AML exigeants. Enfin, suivez de près les annonces de SAMA et de la CMA: la prochaine mise à jour réglementaire pourrait ouvrir ou fermer des portes du jour au lendemain.

Questions fréquentes

Questions fréquentes

L’interdiction bancaire s’applique-t-elle aux particuliers?

Non. Les particuliers peuvent toujours posséder, acheter ou vendre des cryptomonnaies via des plateformes étrangères. L’interdiction vise uniquement les institutions financières locales.

Est‑il possible d’obtenir une autorisation de SAMA pour opérer une activité crypto?

Oui, mais la procédure est très stricte. Les candidats doivent présenter un plan détaillé de conformité AML/CFT, prouver la provenance des fonds et démontrer que l’activité ne menace pas la stabilité financière.

Comment les taxes sont‑elles payées par les entreprises crypto?

Les sociétés doivent déclarer leurs gains en SAR et payer l’impôt sur les sociétés (20%) ainsi que la zakat (2,5%). En l’absence de comptes bancaires locaux, beaucoup utilisent des comptes offshore pour régler leurs obligations fiscales.

Quel est le lien entre la fatwa sur le Bitcoin et la politique bancaire?

La fatwa rend les crypto‑actifs religieusement acceptables, mais elle n’a aucun poids juridique sur SAMA. Ainsi, une activité peut être conforme à la charia tout en restant interdite par la réglementation bancaire.

Quand la première loi spécifique aux crypto‑actifs est‑elle attendue?

Les experts estiment qu’une législation complète n’apparaîtra pas avant la fin des années 2020, voire le début des années 2030, le temps que les autorités évaluent les risques et les bénéfices.

5 Commentaires

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    Filide Fan

    septembre 1, 2025 AT 08:41

    Wow, ce sujet est trop intéressant, vous voyez!! Cest un vrai défi pour les investisseurs, mais on peut toujours s'adapter, surtout avec les stablecoins, les réseaux P2P, et les solutions hors-bancaires!! Restons positifs, on va trouver des moyens, même si les régulations sont strictes!!

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    Sara Jane Breault

    septembre 10, 2025 AT 14:54

    Ce sujet montre que les régulations peuvent compliquer l'accès aux crypto mais il existe des alternatives comme les portefeuilles décentralisés. Il faut bien comprendre les risques avant d'investir.

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    Jean-Philippe Ruette

    septembre 19, 2025 AT 21:07

    L’interdiction bancaire des cryptomonnaies en Arabie Saoudite ouvre une fenêtre sur les paradoxes du pouvoir économique. D’un côté, l’État cherche à contrôler la liquidité et à protéger son système financier, de l’autre il ignore la monnaie qui transcende les frontières. Cette tension rappelle les débats de Leibniz sur la liberté du commerce face à la souveraineté. Les investisseurs individuels se retrouvent à naviguer entre conformité et innovation, un vrai dilemme moral. Les entreprises crypto, quant à elles, doivent créer des structures offshore, rappelant les anciennes routes du commerce des épices. Cette dispersion géographique crée une fragmentation du capital, qui peut à la fois diluer le risque et augmenter la complexité administrative. Les traders professionnels voient leurs stratégies limitées, car l’accès aux services de clearing devient plus coûteux. Cependant, la pression de la demande peut pousser les banques locales à réévaluer leurs politiques. Il est possible que des solutions hybrides apparaissent, combinant stablecoins et contrats intelligents pour respecter les exigences locales. Cette évolution pourrait inspirer d’autres nations à repenser leurs cadres réglementaires. Le phénomène illustre comment la technologie financière force les autorités à s’adapter ou à se marginaliser. D’un point de vue philosophique, la quête de la liberté monétaire reflète la recherche éternelle de l’autonomie individuelle. En fin de compte, chaque restriction engendre une créativité nouvelle, qui transforme le paysage économique global. Les acteurs doivent donc rester informés, vigilants et prêts à ajuster leurs stratégies face à un environnement en mutation. Ainsi, l’interdiction bancaire ne signifie pas la fin du crypto, mais plutôt le début d’un autre chapitre de l’histoire financière.

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    valerie vasquez

    septembre 29, 2025 AT 03:21

    Je salue la profondeur de l’analyse présentée et souhaite souligner l’importance d’une démarche prudente pour les investisseurs. Il convient de rappeler que la conformité juridique demeure une priorité absolue, notamment dans des juridictions aux réglementations strictes. En outre, la diversification des actifs pourrait atténuer les risques inhérents à de telles restrictions.

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    Alain Leroux

    octobre 8, 2025 AT 09:34

    Il est facile de voir cette interdiction comme un obstacle majeur, mais on peut aussi y voir une opportunité pour les services financiers alternatifs de se développer. Au lieu de condamner la mesure, envisageons comment les fintechs pourraient combler le vide laissé par les banques traditionnelles.

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