Qu'est-ce que la cryptomonnaie Biis (Ordinals) (BIIS) ?

Si vous avez entendu parler de BIIS comme d’une nouvelle cryptomonnaie sur Bitcoin Ordinals, vous n’êtes pas seul. Beaucoup de sites web affirment qu’elle est négociée, qu’elle a un prix, qu’elle est sur KuCoin ou OKX. Mais si vous creusez un peu, vous découvrez que rien de tout cela ne tient debout.

BIIS n’existe pas - ou du moins, pas comme on le dit

BIIS est présenté comme un token BRC-20, c’est-à-dire un token fungible créé sur la blockchain Bitcoin grâce au protocole Ordinals. Ce protocole, lancé en janvier 2023, permet d’inscrire des données directement sur des satoshis (les plus petites unités de Bitcoin), transformant ce qui était auparavant des unités interchangeables en actifs uniques - comme des NFT, mais sur Bitcoin.

Des tokens comme ORDI, le premier BRC-20 sérieux, ont été inscrits sur la blockchain, ont eu des millions de transactions, sont listés sur Coinbase, Binance, et même sur des plateformes spécialisées comme Magic Eden. Leur histoire est publique, vérifiable, et documentée.

BIIS, lui, n’a aucune trace de ce genre. Aucun bloc Bitcoin ne contient une inscription BRC-20 avec le symbole "BIIS". Aucun explorateur de Bitcoin Ordinals - comme Gamma.io ou Ordinals Wallet - ne le répertorie. Pas de transaction, pas de déploiement, pas même une tentative de création.

Les sites qui parlent de BIIS se contredisent

Sur Bitget, en novembre 2023, on lisait que BIIS était "fréquemment négocié". Sur Holder.io, la même semaine, on disait que le token "attendait d’être listé" et que son prix était "inconnu". Deux sources, deux réalités. C’est un signal d’alerte majeur.

Les vrais tokens BRC-20 ne sont pas décrits ainsi. Ils ont un contrat d’inscription, une adresse de déploiement, une date exacte, un nombre de satoshis affectés. BIIS n’a rien de tout cela. Il n’y a pas de transaction de déploiement dans le bloc 800 000 ou 810 000. Il n’y a pas de lien vers un dépôt GitHub, pas de Discord, pas de Twitter officiel.

Les seuls endroits où vous trouvez "BIIS" sont des blogs de faible trafic, des sites de prédictions de listage d’échanges, et des bots sur X (anciennement Twitter) qui vous envoient des liens vers des plateformes inconnues. Rien de légitime.

Les BRC-20 sont pleins de faux tokens - BIIS en est un exemple

Entre juin et septembre 2023, plus de 1 200 tokens BRC-20 ont été créés. Seuls 42 ont maintenu un volume de trading quotidien au-dessus de 10 000 $. Les 913 autres ? Des créations vides. Des "pump and dump". Des pièges.

Des chercheurs du MIT et du Blockchain Transparency Institute ont constaté que 78 % des nouveaux tokens BRC-20 n’avaient aucune activité réelle après leur déploiement. Ils sont créés en quelques minutes, avec un script automatisé, puis abandonnés. Leur seul but : attirer des gens curieux, les pousser à acheter sur des échanges non régulés, puis disparaître.

BIIS correspond parfaitement à ce profil. Pas de communauté. Pas de développeurs. Pas de roadmap. Pas de preuve. Juste un nom qui ressemble à ORDI, INSC, ou SATS - des tokens populaires - pour profiter de la vague d’intérêt autour des Ordinals.

Comment reconnaître un vrai token BRC-20 ?

Si vous voulez explorer les tokens sur Bitcoin Ordinals, voici ce qu’il faut vérifier avant de toucher un centime :

• Une inscription sur un explorateur Bitcoin : Vérifiez sur ordinals.com ou gamma.io si le token a été inscrit avec un ID de transaction valide.
• Un déploiement public : Les vrais projets publient leur code, leur déploiement, et leur contrat sur GitHub ou un forum dédié.
• Une communauté active : Regardez Reddit (r/ordinals, r/cryptocurrency) et Twitter. Si personne n’en parle, c’est un mauvais signe.
• Un listing sur un échange reconnu : ORDI est sur Coinbase, Binance, Kraken. BIIS n’est sur aucun échange sérieux.
• Un volume de trading vérifiable : Sur CoinGecko ou CoinMarketCap, si le volume est à zéro ou fluctue sans logique, méfiez-vous.

BIIS ne remplit aucun de ces critères.

Les risques de tomber sur BIIS

Si vous achetez BIIS sur un site qui le propose, vous risquez :

• De payer pour quelque chose qui n’existe pas sur la blockchain.
• De perdre votre argent sur un échange non régulé, sans possibilité de récupération.
• De devenir victime d’un "wash trading" : des bots achètent et revendent entre eux pour faire croire à une demande réelle.
• De ne jamais pouvoir vendre, car personne ne veut le token.

Des milliers de personnes ont déjà perdu des centaines, voire des milliers de dollars sur des tokens comme BIIS. Ils pensaient avoir trouvé la prochaine grande opportunité. En réalité, ils ont payé pour un nom dans une liste.

Le futur des tokens sur Bitcoin : Taproot Assets

Les BRC-20 sont une solution temporaire, créée par des développeurs amateurs pour contourner les limites de Bitcoin. Ce n’est pas un standard officiel. Ce n’est pas sécurisé à long terme.

Le vrai avenir, c’est Taproot Assets (anciennement Taro), un protocole développé par Lightning Labs et soutenu par des équipes de Bitcoin Core. Il permettra de créer des tokens sur Bitcoin de manière plus efficace, plus sécurisée, et plus intégrée. Les BRC-20 comme ORDI pourraient être remplacés. Et les BIIS ? Ils disparaîtront sans laisser de trace.

Si vous voulez investir dans les tokens sur Bitcoin, concentrez-vous sur les projets avec une trace publique, une communauté, et un développement réel. Pas sur les noms qui ressemblent à des projets populaires.

BIIS : un fantôme numérique

Il n’y a aucune preuve que BIIS existe en tant que token fonctionnel. Il n’est pas inscrit sur la blockchain. Il n’est pas négocié sur des échanges sérieux. Il n’a pas de communauté. Il n’a pas de développeurs.

Les sites qui le présentent comme un actif réel sont soit mal informés, soit malveillants. Ce n’est pas une erreur. C’est une arnaque.

Bitcoin Ordinals est une innovation fascinante. Les NFT sur Bitcoin sont réels. Les collections d’art, les jeux, les mémoires numériques - tout cela existe. Mais BIIS n’en fait pas partie. Il n’est qu’un nom, un mot dans une liste, un piège pour les curieux.

Ne perdez pas votre argent sur un fantôme.